Take Back the Tech! PhilippinesNica, de la Foundation for Media Alternatives, raconte son combat pour des recours juridiques en cas de violence faite aux femmes par la technologie aux Philippines. Sans la reconnaissance pleine et entière des droits des femmes, le chemin vers la reconnaissance est parfois plus un obstacle qu’un moyen d’autonomisation. Nica parle de la réalité des femmes dans son pays et des moyens qui permettent de protéger réellement leurs droits.

Lis son histoire. Inspire-toi en et fais connaître tes propres luttes et tes réflexions sur les moyens de combattre la violence à l’égard des femmes en ligne dans ton pays. Écris un texte et un courriel, un tweet ou télécharge le ici.
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Libertés et peurs

Je me rappelle lorsque j’ai utilisé mon premier ordinateur à 16 ans, avec une connexion par modem, et lorsque j’ai acheté mon premier portable à 18 ans.

Avec les progrès de la technologie, des innovations ont été créés pour relier les gens, ainsi que leurs plaidoyers. La technologie internet et mobile permet d’établir des liens qui ne sont plus limités à un espace physique concret, mais n’ont même plus de frontières. On pourrait donc penser qu’il serait plus facile d’être libre et de changer les mentalités instantanément grâce à des informations que l’on peut trouver avec un simple clic de souris.

Mais si c’était le contraire? La technologie sert à renforcer la discrimination de genre et la marginalisation.

Tout récemment, la Loi sur la prévention de la cybercriminalité de 2012 des Philippines ou Loi de la République 10175 a été promulguée. A prime abord, on pourrait penser que ce texte traiterait des nouvelles formes d’infractions liées à la technologie telles que la cyberintimidation, le cyberharcèlement et les scandales sexuels. Après tout, on dit que la R.A. 10175 à été promulguée au nom des femmes - pour les protéger contre la violence.??Mais on ne voit pas clairement comment la loi se propose de réglementer ces infractions en ligne. C'est ce qui arrive généralement lorsque le cadre légal n'est pas fondé sur les libertés déjà gagnées par notre très actif et dynamique mouvement des femmes.

La R.A. 10175, au lieu de faire de l’internet un outil libérateur, un espace d’autonomisation, en fait un instrument de contrôle qui suscite la peur chez les femmes. Bien entendu, les femmes sont les grandes perdantes.

Hors ligne, les femmes sont montrées du doigt après des raids dans des maisons de prostitution et des brasseries et on leur fait porter le blâme et la honte alors que les propriétaires, y compris les clients de ces entreprises, ne sont pas inquiétés.

En ligne, la même chose, voire pire, peut se produire en raison de l’article de la R.A. 10175 sur le cybersexe. Les femmes victimes peuvent devenir des coupables de cybercrimes et être pénalisées doublement et sévèrement.

D'un autre côté, il y a tellement de discours haineux et de textes discriminatoires à l'encontre des femmes en ligne. Certaines activistes LBTS (lesbiennes, bisexuels, transgenres) qui soutiennent également la campagne Réapproprie-toi la technologie des Philippines ont reçu de nombreux messages sur les sites de réseaux sociaux, les traitant de « déchets » parce qu’ils ne sont pas hétérosexuels. Même s’il est réconfortant de savoir que la R.A. 10175 s’en prendra aux auteurs de cyberintimidation, on ne voit pas comment elle apportera des mesures correctives pour ces actes discriminatoires.

En raison du renforcement de la discrimination de genre, de la marginalisation et des concepts sociaux non désirables, les groupes de femmes se sont prononcées collectivement en faveur de la suppression de la R.A. 10175.

Si le gouvernement voulait protéger les femmes contre la violence, il aurait d’abord dû les consulter. Il aurait dû leur demander de rédiger les politiques qui les protègeraient contre l'oppression, il aurait dû les placer au centre du développement, les faire contribuer largement à l'élimination progressive des concepts sociaux discriminatoires et leur permettre de continuer à s’exprimer sur les droits des femmes dans le cyberespace. Enfin, il aurait dû appliquer les lois protectrices déjà existantes au lieu de recourir à des lois impulsives et réactionnaires comportant des sanctions plus sévères.

Face aux craintes suscitées par les torts que la technologie peut causer aux femmes, le gouvernement devrait favoriser l'éducation et l'autonomisation plutôt que la criminalisation immédiate et le contrôle. Nous les femmes pensons que pour lutter contre la violence, il faut faire face, répondre aux craintes et revendiquer le pouvoir de la liberté conquise.??Nous devons rester unies et s’approprier la technologie pour renforcer nos libertés. Faisons entendre la voix de nos femmes unies et demandons ce que nous voulons toutes – des LIBERTÉS et non la PEUR.

 

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La Foundation for Media Alternatives (FMA) est un membre actif de Réapproprie-toi la technologie! depuis 2009. Elle cherche à démocratiser les systèmes et les ressources d'information et de communication pour la population et les communautés locales aux Philippines. La FMA met l'accent sur ??les interventions stratégiques destinées à promouvoir le droit à l'information et le droit de communiquer et étudie le lien entre les TIC et la violence faite aux femmes.

Les activités de la campagne Réapproprie-toi la technologie! de la FMA de 2012 sont notamment les suivantes :

 

  • Coorganiser le “Takbo ’Te Run for Equality” avec la campagne Fier d’être LGBT et le Conseil des étudiants du Collège d’activité physique afin de sensibiliser aux questions d’égalité de genre et de collecter des fonds pour le Home of the Golden Gays, une maison de retraite pour les LGBT âgés.

Run for Equality

  • Parler aux étudiants au sujet de la violence liée à la technologie et les encourager à participer à la cartographie de leur expérience sur la carte de la campagne.
  • Participer à la marche PRIDE des Philippines en décembre.
  • Publier une déclaration sur la violence liée à la technologie avec différents partenaires de la société civile qui travaillent sur les droits de l’internet, les droits humains et les droits des femmes.
  • Organiser un débat concernant la loi des Philippines sur la cybercriminalité avec des groupes œuvrant pour les droits des femmes.
Consultez la page de campagne de FMA pour en savoir plus sur leurs activités et leurs documents de campagne, y compris des histoires numériques et plus encore.